Un premier mai réussi à l’UD Force Ouvrière

, par udfo08

Devant une cinquantaine de militants rassemblés à cette occasion, Ludovic Hallaert a fait le point sur notre actualité syndicale ; plus particulièrement sur le projet de loi EL-KHOMRI et les chiffres du chômage de mars 2016.

L’intégralité de son discours tenu ce 1er mai :

"Cher(e)s camarades,

Le 1er mai est l’occasion d’adresser le salut fraternel de notre organisation à l’ensemble des travailleurs mais aussi, en ce jour international de solidarité et de revendications, l’occasion de rappeler notre combat contre l’austérité, une austérité qui est durablement installée au niveau européen et dans notre pays Bien que certains jouent sur les mots : austérité ou rigueur, les constats sont là : chômage qui ne baisse pas (j’y reviendrai), problème d’emploi, dégradation du pouvoir d’achat, remise en cause du service républicain, menaces sur la protection sociale et les régimes paritaires avec en plus cette année le projet de loi EL-KHOMRI…

Dans un contexte de crise aggravé par une politique d’austérité, lutter contre la flexibilité, contre la précarisation des emplois est une nécessité.

Ce premier arrive après la journée de grève interprofessionnelle et de manifestations de ce jeudi 28 avril qui a été une mobilisation réussie à l’image du 31 mars qui avait rassemblé plus de 2000 salariés. Des centaines de milliers de personnes ont ainsi manifesté leur refus de ce projet de loi en exigeant son retrait. Alors que d’autres se sont déjà couchés devant le gouvernement et ce depuis sa présentation, nous, Force Ouvrière, étions dans la rue avec la CGT, FSU et solidaires pour le retrait de ce projet de loi dont il reste beaucoup d’effets toxiques pour les travailleurs contrairement propos de GATTAZ :

 Le renversement de la hiérarchie des normes (avec priorité donnée à la négociation d’entreprise et dévitalisation des conventions collectives de branches) dans le but de généraliser les dérogations aux garanties collectives est toujours une réalité
 Le référendum pour faciliter l’acceptation des reculs dans le cadre du chantage à l’emploi, à la délocalisation est toujours une réalité
 La facilitation des licenciements économiques est toujours une réalité
 La majoration des heures supplémentaires ramenée à 10 % au lieu de 25 ou 50 est toujours une réalité
 L’allongement de un à trois ans de l’obligation de négocier les salaires est toujours une réalité
 L’affaiblissement de la médecine du travail est toujours une réalité
 La modulation du temps de travail possible jusqu’à 3 ans c’est toujours une réalité…

Alors que certains, les plus favorisés trouvent des solutions pour abaisser leurs impôts dans des paradis fiscaux, et je pense que nous sommes bien loin de connaitre tout sur ce sujet, et que les entreprises ont vu leur cotisation AGS passer à 0.25 % -à la place de 0.30 %- au 1er janvier 2016 mais encore la révision aujourd’hui non limitative dans le temps des taux d’accidents du travail fixés par la CARSAT (quel beau cadeau), le tout en catimini . Et je n’aborderai pas ici le CICE et ses 41 milliards mais simplement poser cette question : il est passé où le million d’emplois espérés et le pin’s de GATTAZ sur ce sujet ?

Depuis déjà quelques années, à l’image de la moyenne nationale, les embauches en CDI ne représentent plus que 13% des contrats dans notre département des Ardennes (60 % sont des CDD de moins d’un mois voire pour une grande partie d’une journée, le reste étant des CDD dit « longs »). Dans ces conditions, comment se bâtir un avenir serein et quelles sont les finalités du projet de loi EL-KHOMRI ? Réponse : aucun pour le premier et la destruction des CDI existants pour le second qui représentent actuellement 85 % des contrats ! Gagner le retrait du projet de loi travail est possible. Des luttes et mobilisations se développent et se construisent dans de nombreux secteurs autour des questions de conditions de travail et d’études, de salaires et de précarité. Elles doivent être entendues.

Le 3 mai va s’ouvrir le débat parlementaire, qui se poursuivra pendant plusieurs semaines. Les organisations syndicales appellent à faire de cette journée un nouveau temps fort de mobilisation et d’initiatives, nous en reparlerons ensuite. Ce 3 mai les organisations syndicales prendront la parole publiquement pour exiger des parlementaires réunis à l’Assemblée nationale le rejet du projet de loi et faire entendre leurs revendications.

Quelques mots, mes camarades, sur les chiffres du chômage de ce mois de mars 2016 qui doivent toujours être commentées avec prudence. En effet, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a baissé de 60 000 personnes en métropole, pour s’établir à plus de 3,5 millions, selon les statistiques publiées ce mardi 26 avril. Ce constat doit toutefois être tempéré par le fait que le nombre de demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite, le mois dernier, s’est parallèlement accru : de 2 % pour les personnes ayant effectué moins de 78 heures (catégorie B) et de 3,2 % pour celles qui ont travaillé plus de 78 heures (catégorie C). En fait, les inscrits à Pôle emploi, dans les trois catégories A, B, C, sont légèrement moins nombreux à la fin mars qu’à la fin février (-0,2 %, soit 8 700 personnes en moins). Nos revendications restent les mêmes sur ce sujet, mes camarades, nous voulons un vrai emploi avec un vrai salaire et non un quelconque ratio mensuel débouchant sur une rémunération ne nous permettant pas de vivre !

Malgré certaines informations, notre département des Ardennes souffre, certainement plus que d’autres, d’un contexte économique difficile :

  Les fonderies Collignon : mise en place d’un PSE de 24 personnes
  Arcelor-Mittal : PSE de 17
  Deville dont la mise en surveillance de l’entreprise pour 12 mois est plus que préoccupante pour son avenir (plus de 70 salariés)
  FAB 21 (près de 80 personnes)
  KME à Givet
  Des inquiétudes, pour ne dire plus, sur l’évolution des effectifs tant au niveau des secteurs publics (hôpital, territoriale et d’État) qu’au niveau du secteur privé, je nomme ainsi D2I, PSA, HANONE-VISTEON, et j’en oublie certainement…
  Des licenciements économiques déguisés, dans de nombreuses entreprises, par la recherche de fautes graves ou lourdes afin de diminuer d’un part les indemnités des salariés, belle reconnaissance pour les années de travail passées, d’autant plus qu’elle s’associe avec des pertes de droits, mais d’autre part masquer leur réalité économique qu’elles ont elles-mêmes créée, je prends comme exemple BULCOURT-AUBRY. J’en tiens pour preuve le nombre d’interventions de nos conseillers du salarié et notre service juridique que je remercie au passage au titre de l’Union Départementale Force Ouvrière des Ardennes. Il en est de même pour les ruptures conventionnelles. Encore un fois quelques chiffres de 2015 : 586 licenciements économiques pour 790 RP qui continuent de progresser , à comparer respectivement au 747 LE et 726 RP de 2014… Voilà pour ce triste bilan départemental.

Nous ne dévierons pas de notre rôle de syndicat : détermination, responsabilité, indépendance et liberté dans la négociation comme dans l’action. Telle est Force Ouvrière !

Exiger une renégociation des traités européens, faire respecter la liberté de négociation et d’association qui ne doit subir aucune contrainte, ne pas noyer le syndicat dans l’intérêt dit général, savoir résister pour conquérir demain, exiger des augmentations du pouvoir d’achat, faire vivre la solidarité , tel est notre rôle.

Force Ouvrière a toujours su prendre ses responsabilités. Nous l’avons encore fait depuis la présentation du projet de loi EL-KHOMRI. Nous saurons encore les prendre si nécessaire : oui à l’action commune sur des bases claires, non au fourre-tout anesthésiant. La liberté syndicale ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

Vive le syndicalisme libre et indépendant ! Vive la solidarité internationale des travailleurs ! Vive le 1er mai des revendications ! Vive la CGT-Force ouvrière !"